Le Baccalauréat, un crime organisé.
Cela fait presque une décennie que le baccalauréat est devenu presqu’une formalité nationale, perdant son statut d'examen redouté qui nécessitait des mois de préparation, de stress, d'insomnie et de cours collectifs. Les valeurs qui faisaient jadis de cet examen un obstacle majeur pour de nombreux étudiants ont disparu au fil des années. Le stress et la pression semblent avoir déserté la terminale, du moins pour bon nombre de ses élèves.
A la veille de l’examen, la fuite des sujets est devenue un rituel. Et des cellules de correction se forment dans chaque localité et chaque école. Même les élèves sérieux pendant l'année scolaire sont tentés par cette passerelle, encouragée par tous.
Cette injustice mine la motivation des élèves et contribue à la dégradation du système éducatif. Des établissements scolaires émergent comme des champignons, contribuant davantage à affaiblir un système déjà moribond. Chacun se vante d'être l'école offrant les meilleurs résultats au baccalauréat, incitant les parents à choisir une école en fonction de ces performances apparentes. Cependant, il s'agit d'une stratégie visant à accroître les appétits financiers au détriment de l'avenir des enfants. L’on raconte même qu'ils s'organisent pour fournir les corrections de chaque épreuve à la fin de l'année.
Le système de surveillance est, comme le reste, inefficace. Si une cellule ne reçoit pas les sujets à la veille, ils lui sont transmis peu après le début de l'examen. Cette fraude généralisée, ou oserais-je dire ce crime organisé, a des conséquences graves pour l'avenir de nos enfants, de nos villages et de notre pays. Plus de 80 % des étudiants fraîchement admis à l'université échouent à leur première année. Plus de 90 % échouent aux concours d'entrée dans les formations professionnelles. Et la plupart de ceux qui sont admis perpétuent des méfaits plus conséquents dans la continuité de ce qu'on leur a montré.
Il est temps de sonner l'alarme aux parents d'élèves que nous sommes, aux responsables de l'administration scolaire et académique, aux étudiants d'aujourd'hui, futurs leaders, et surtout à l'État et aux différents responsables sur cette situation alarmante.
Des discussions approfondies sur cette question sont nécessaires pour examiner de près cette problématique. Nous contribuons involontairement à saboter l'avenir de nos enfants en favorisant des pratiques qui privilégient les gains immédiats au détriment de leur avenir et de notre bien-être commun.
Il est inconcevable d'investir des sommes importantes dans leur formation sans se soucier de la qualité de celle-ci. Des années d'échecs à l'université, suivies de postes sans réelles compétences ou de métiers dévalorisants à l'étranger, ne sont pas le résultat souhaité de ces investissements.
Ben Dhoihir CHABANE,